Savoirs et formations
Emmanuelle Bermes  1  , Jean-Baptiste Camps  1  , Matthieu Husson  2  , Peter Stokes  3  
1 : École nationale des chartes
Université Paris sciences et lettres
2 : Observatoire de Paris
Université Paris sciences et lettres
3 : École pratique des hautes études
Université Paris sciences et lettres

Pour information

L'argumentaire ci-dessous a été rédigé par les organisateurs de la conférence pour introduire la table ronde et non par les intervenant:e:s listé:e:s ci-dessus. L'argumentaire n'engage donc pas leur responsabilité scientifique.

Argumentaire

Les évolutions technologiques imposent évidemment des transformations des conditions de production et de transmission des savoirs. L'émergence des statistiques dans le champ de l'historien puis celles des humanités numériques ont suscité des débats et réflexions célèbres (l'historien programmeur...). L'intelligence artificielle impose de prendre en compte ce renouvellement peut-être plus encore que les humanités numériques qu'on serait presque tenté d'appeler « traditionnelles ». Au-delà des craintes que ChatGPT suscite pour l'évaluation des savoirs et acquis des étudiant:e:s, le modèle même de l'IA avec une couche très technique et un processus qui, par nature, est largement une boîte noire, remet en cause un modèle de savoir intégré.

Si, depuis longtemps, les recherches pouvaient être réalisées en équipe, leurs méthodes et leurs résultats étaient maitrisables par une seule personne. Encore plus que dans les "humanités numériques" des deux dernières décennies, l'intelligence artificielle (ou plutôt disons l'apprentissage machine) impose une recherche avec des tâches disséquées. En outre, elle se fonde sur l'utilisation et la création de « modèles », tant au plan technique (les modèles « entraînés ») que dans la compréhension d'ontologie et de modélisation au sens des sciences humaines.

L'enjeu pour les formations actuelles pour les historien:ne:s qui peuvent être amené:e:s à mettre en œuvre ces techniques est grand. Faut-il créer des cursus doubles et allonger le temps d'étude ou créer des cursus spécialisés dans l'intermédiation ? Quelle est la place des apprentissages disciplinaires (aussi bien SHS que STIC) dans de nouvelles formations ? Faut-il privilégier la transversalité contre la spécialité ?

La table ronde réunira des chercheurs et des responsables de formation. Parmi les premiers, Matthieu Husson, à la fois historien des sciences et spécialiste des transformations disciplinaires dans les humanités numériques, et Peter Stokes, dont l'un des chantiers est la constitution d'un savoir formalisé et transmissible face au modèle ancien de la "paléographie oraculaire" où l'expertise humaine et le connoisseurship fonctionnent comme une black box. Parmi les responsables de formation, Jean-Baptiste Camps et Emmanuelle Bermès interviendront tous les deux sur la modification des apprentissages et l'offre actuelle de formation.

Intervenant:e:s

Emmanuelle Bermès est responsable pédagogique du master « Technologies numériques appliquées à l'histoire » à l'Ecole nationale des Chartes (PSL). Archiviste paléographe et conservatrice générale des bibliothèques, elle a publié plusieurs livres sur les technologies numériques des bibliothèques.

Jean-Baptiste Camps est responsable pédagogique du master « Humanités numériques » de PSL. Ses recherches portent sur la littérature médiévale d'oc et d'oïl et concernent également, sur un plan méthodologique, les débats et pratiques de l'ecdotique (notamment l'édition électronique), ainsi que les méthodes computationnelles pour la production (reconnaissance optique de caractères, annotation linguistique, collation) ou l'analyse de données manuscrites (paléographique quantitative, scriptométrie, stylométrie, stemmatologie).

Matthieu Husson est chercheur au CNRS et ses recherches portent sur les pratiques mathématiques en astronomie aux XIIIe-XVe siècles et les Humanités numériques et intelligence artificielle. Il dirige également plusieurs projets internationaux (EIDA Editing and analysing historical astronomical diagrams with Artificial Intelligence, ANR-22-CE38-0014-01 ; ALFA Shaping a European scientific scene, ERC Consolidator Grant 2016 ; DATA Digital Analysis Tools for the history of Astral sciences).

Peter Stokes est directeur d'études à l'Ecole Pratiques des Hautes Etudes (PSL), titulaire de la chaire d'humanités numériques et computationnelles appliquées à l'étude de l'écrit ancien et chargé de mission pour les humanités numériques à l'EPHE.


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